A Beyrouth, le 25 mars 2019, Fête nationale islamo-chrétienne
Depuis 2010, la fête de l’Annonciation à Marie/Myriam par l’archange Gabriel/Djibril, est Fête nationale au Liban, car elle est un point de convergence pour les diverses communautés religieuses libanaises et par conséquent un symbole d’unité nationale. C’est pourquoi le 25 mars dernier avait été choisi pour être le point d’orgue de la Première Rencontre internationale œcuménique de jeunes pour le Moyen-Orient, organisée par le Middle East Council of Churches et toutes les Eglises du Liban avec la Communauté de Taizé, les 23, 24 et 25 mars.
1600 personnes avaient répondu à l’appel des organisateurs, dont 950 jeunes du Liban, 400 de Syrie, de Jordanie, d'Irak et d'Egypte et 200 d’Europe. Au total, 44 nationalités étaient représentées pour trois jours intenses en échanges et en prières. Les jeunes chrétiens ont vécu les matinées dans leur famille et leur paroisse d’accueil ; l’après-midi, à 14h, il y avait rassemblement dans un grand hall, le Sea Side Arena, pour la prière de la mi-journée, puis dispersion dans douze lieux de culte (autant que de confessions chrétiennes au Liban) pour des « ateliers » ; le soir, à nouveau rassemblement pour une prière commune.
J’ai eu l’immense chance de participer à cette Rencontre exceptionnelle, dans un pays qui pratique l’accueil au plus haut point. Deux langues ont été utilisées : l’anglais et l’arabe. Pour la circonstance, huit « chants de Taizé » avaient été traduits en arabe. Un CD comportant ces 8 chants, réalisé par la chorale libanaise qui a animé la Rencontre, est désormais disponible. Autre particularité, la prière autour de la croix telle qu’elle se pratique à Taizé le vendredi a été renouvelée chaque soir.
Les ateliers de l’après-midi étaient dispersés dans plusieurs églises de la ville. Beaucoup de thèmes avaient été choisis de manière à faire découvrir les spécificités de chacune des douze Eglises chrétiennes libanaises ainsi que la réalité des rapports entre chrétiens et musulmans. Le choix était très difficile, tant l’offre était alléchante. Le samedi, je suis allée à l’Eglise apostolique arménienne où deux chorales et leurs chefs de chœur nous ont fait découvrir la beauté de la liturgie et des chants en langues arménienne et syriaque : un paysage sonore superbe auquel nous ne sommes guère habitués en France ! Le lundi, dans une salle de l’Eglise évangélique nationale de Beyrouth, deux anciens combattants de la guerre civile (qui a sévi au Liban entre 1975 et 1990), l’un chrétien et l’autre musulman, nous ont raconté leur parcours. Jadis ennemis, ils militent désormais pour la paix et la réconciliation au sein d’une même association « Fighters for peace » qui les conduit à aller témoigner auprès des jeunes dans les écoles. Des paroles sobres et profondément émouvantes.
L’après-midi du 25 mars, des jeunes et des dignitaires musulmans ont rejoint les chrétiens au Sea Side Arena. La cérémonie islamo-chrétienne pour l’Annonciation avait été préparée avec deux associations libanaises, la « Fondation Adyan » et « Ensemble autour de Marie, Notre Dame », au sein desquelles musulmans et chrétiens œuvrent ensemble. Le programme comportait à la fois des chants, notamment par le chœur de jeunes filles musulmanes Al Mabarrat, des temps de silence et de prière et des témoignages, en live et en vidéo, le tout dans des styles très différents.
Dans son allocution, Frère Aloïs, prieur de la communauté de Taizé, a montré combien le Liban était un signe d’espérance. Vivante illustration de ce propos, un groupe de jeunes sourds a uni gestes et paroles pour chanter la louange du Seigneur. A la fin, tous les participants se sont levés pour une commune invocation à Marie, lue en même temps dans les deux langues.