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SERIC 2023

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SERIC 2023

Du 22 au 25 août, un 3ème week-end d’amitié entre jeunes musulmans et jeunes chrétiens a été organisé par la communauté de  Taizé

Pour rendre compte de ces journées exceptionnelles, laissons d’abord la parole à un journaliste, Benoît Montaggioni. Dans le reportage publié dans le Journal de Saône-et-Loire, il a ainsi relaté ce qu’il avait vu et entendu lors de son passage à Taizé, le vendredi après-midi.

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A Taizé, chrétiens et musulmans prient d’une même voix

Des chaussures laissées sur le seuil. Et par l’ouverture de la porte, la mélopée d’un imam qui récite la prière en arabe, face à des dizaines de fidèles au sol. Nous ne sommes pourtant pas devant une mosquée, mais bien chez les frères chrétiens de Taizé. Depuis vendredi et jusqu’à ce dimanche soir,  la communauté œcuménique accueille la 3ème édition de son week-end d’amitié entre jeunes musulmans et chrétiens. Ils sont 220, âgés de 18 à 35 ans, à avoir répondu à l’appel des frères. Certains sont venus de loin pour ce moment d’échanges : Pologne, Allemagne, Royaume Uni, Egypte, Liban…

Voiles et croix colombe

Dans la logique de ce week-end, en plus des ateliers de débats et des moments de convivialité, chacun était invité à découvrir la foi de l’autre. C’est ainsi que de nombreux jeunes chrétiens ont choisi de prendre part, en observateurs respectueux, à l’une des prières du vendredi des jeunes musulmans. Sur le seuil de la salle mise à disposition par les frères, des jeunes-filles, croix de Taizé autour du cou, ont ainsi quitté leurs sandales et ont recouvert leurs cheveux et leurs épaules d’une étole. Sans un bruit, presque timidement, elles se sont installées derrière les musulmanes. Une porte ouverte permettait à toutes d’entendre la voix dynamique de l’imam qui prêchait de l’autre côté de la cloison, face aux hommes. Mohamed Bajrafil, jeune imam d’Ivry-sur-Seine, en chemise cintrée rose pâle, livrait un discours empreint de tolérance religieuse. « Le Coran nous enjoint de méditer sur la multiplicité de la création pour découvrir l’ingéniosité du créateur. La multiplicité de la création, c’est celle-là même qui a voulu qu’il y ait parmi nous des juifs, des chrétiens, des musulmans. Refuser cela, c’est refuser une des bases de la création. Refuser cela, c’est être un mécréant de la création ». Face à une assemblée dans laquelle on apercevait frère Alois, assis au sol, le prieur de Taizé, l’imam, qui passait du français à l’arabe pour citer des versets, notait : « Ce discours, certains n’ont pas l’habitude de l’entendre. Mais c’est un discours qui est là, et qu’il faut lire ».

Curé et imam : « Frères et collègues »

Quelques minutes plus tard, après le chant Bless the Lord entonné par les chrétiens, l’imam retrouvait le père Christian Delorme pour une conférence. Les deux hommes, qui se sont présentés comme « frères et collègues », ont commenté ensemble un texte signé par le pape François et le grand imam de la mosquée Al-Azhar du Caire. Un document où les deux autorités religieuses affirment notamment que la pluralité des religions est le fruit d’une volonté divine.

Au cœur des échanges, les freins au dialogue interreligieux qui subsistent dans chaque communauté n’ont pas été niés. « Dans le monde musulman, le fait de changer de religion n’est pas encore admis communément par tous, constatait l’imam Bajrafil. Ici à Taizé, j’ai rencontré une jeune femme qui m’a dit : ˵j’étais chrétienne et je suis en train de devenir musulmane˶. Il faut maintenant que l’inverse soit possible et puisse être accepté ».

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Il n’est pas courant qu’un journaliste choisisse de mettre la prière au centre de son récit ! C’est pourtant ce qu’a fait Benoît Montaggioni dans la double-page qu’il a consacrée à ce week-end. Son article est complété par une interview du P. Delorme, un encart lexical, un entrefilet sur le périple de 375 km en vélo effectué par les jeunes de la Young Caritas pour venir à Taizé, et un autre sur le témoignage de deux jeunes femmes, l’une chrétienne et égyptienne, l’autre musulmane et libanaise, qui ont déclaré prier le même Dieu. Encore la prière !

(c) Journal de Saône et Loire - Ketty Beyondas

(c) Journal de Saône et Loire - Ketty Beyondas

Les années précédentes, il y avait certes une salle spécifique consacrée à la prière musulmane, mais le programme du week-end de 2019 se distinguait en ceci qu’il avait étroitement conjugué les temps de prière musulmane et chrétienne et prévu que la prière musulmane soit conduite par un imam.

Programme du week-end et des ateliers

L'imam Mohamed Bajrafil prêche à la prière du vendredi

L'imam Mohamed Bajrafil prêche à la prière du vendredi

Les deux temps forts de ce week-end ont rassemblé tous les participants pour une conférence à deux voix par un prêtre et un imam, conférence traduite en anglais, au fur et à mesure, pour les non francophones. Le vendredi, le P. Christian Delorme et l'imam Mohamed Bajrafil ont présenté la Déclaration sur la fraternité humaine signée par le pape et le grand imam d'Al-Azhar à Abou Dhabi en février 2019.  La conférence du samedi portait sur l'hospitalité, un thème développé par le P. Christophe Roucou et l'imam Bachir Ould Sass, avec en toile de fond, les textes de la Bible et du Coran portant sur la façon dont Abraham (Ibrahim) avait été l'hôte des envoyés de Dieu. 

Durant les autres moments de la journée, plusieurs ateliers ont été proposés et laissés au choix des participants ; la plupart était animé par des jeunes qui avaient vécu une expérience de rencontre et, lorsqu’ils prenaient la parole en anglais, leurs propos étaient traduits en français.

La déclaration commune du pape François et du grand Imam d'Al-Azhar à Abou Dhabi : présentation, importance et nouveauté de cette déclaration par l’Imam Mohamed Bajrafil et le Père Christian Delorme.
La déclaration commune du pape François et du grand Imam d'Al-Azhar à Abou Dhabi : présentation, importance et nouveauté de cette déclaration par l’Imam Mohamed Bajrafil et le Père Christian Delorme.La déclaration commune du pape François et du grand Imam d'Al-Azhar à Abou Dhabi : présentation, importance et nouveauté de cette déclaration par l’Imam Mohamed Bajrafil et le Père Christian Delorme.

La déclaration commune du pape François et du grand Imam d'Al-Azhar à Abou Dhabi : présentation, importance et nouveauté de cette déclaration par l’Imam Mohamed Bajrafil et le Père Christian Delorme.

A la fin du week-end, dans les petits groupes de partage, chacun a été invité à dire ce qu’il avait « découvert de plus important au cours de ces 2 jours » et s’il entrevoyait des « perspectives de continuité une fois rentré chez soi »

A cette même question, le GAIC apporte une réponse concrète : l'association va s’employer à former un groupe de jeunes à qui elle donnera les moyens de se rendre à Taizé l’été prochain. Notre pari : qu’un minibus loué par l’association ou, s’il le faut - et ce serait encore mieux ! -, un car bien rempli de jeunes de nos familles et de leurs amis prenne la route vers cette colline bourguignonne si inspirante.

La prière dans la grande église de Taizé, avec les chants de la Communauté
La prière dans la grande église de Taizé, avec les chants de la CommunautéLa prière dans la grande église de Taizé, avec les chants de la Communauté

La prière dans la grande église de Taizé, avec les chants de la Communauté

Parmi les personnes présentes à cette rencontre, l’imam Bachir Ould Sass, membre du Conseil d’administration du GAIC est intervenu à plusieurs reprises lors du week-end. Nous lui avons posé quelques questions :

Comment êtes-vous arrivé à Taizé ? Qui a fait appel à vous ?

En fait, je suis arrivé à Taizé par l’intermédiaire du GAIC.  Le frère Jean-Jacques m‘a contacté via la vice-présidente active du GAIC, Mme Hélène Millet, et il m’a demandé de prendre part à l’activité du week-end et assurer la prière musulmane sur place et j’ai directement accepté sans aucune hésitation.

Connaissiez-vous Taizé avant ?  Y étiez-vous déjà allé ?

J’ai déjà entendu parler de Taizé, disons comme expérience intéressante, sans jamais la visiter ni connaitre grand-chose sur son histoire et sa particularité.

Qu'est-ce qui vous a le plus surpris en arrivant ?

A vrai dire je n’étais pas surpris. Tout était bien et naturel.  Par contre, j’étais juste impressionné par la simplicité du lieu et la qualité d’organisation.

Quel était votre rôle pour ce week-end ?

Mon rôle consistait à conduire les prières musulmanes (salat) au profit des jeunes musulmans sur place et à assurer une intervention sur l’hospitalité et la foi en se basant essentiellement sur le récit relatif à l’hospitalité légendaire de notre père Abraham selon le texte du Coran, texte sacré chez les musulmans.

Quel moment, événement vous a le plus marqué ?

Les moments de silence et la prière en groupe.  

Quelle rencontre avec quelle personne vous a marqué ?

La rencontre avec le frère Jean-Jacques, un homme d’un dévouement extraordinaire et d’une spiritualité éloquente en silence.  

Pour vous, quel est l'avenir de telles rencontres ?

Personnellement, je trouve qu’il s’agit vraiment de rencontres très intéressantes et je pense qu’elles ont vocation à réussir davantage dans la mesure où elles cherchent à bâtir des véritables ponts spirituels au service du bon sens commun. Le sens d’ouverture, de partage et d’hospitalité divine à l’image de Dieu : Le tout miséricordieux qui n’exclut personne et accueille toujours.

L’imam Bachir Ould Sass et Hélène Millet dans un petit groupe de partage

L’imam Bachir Ould Sass et Hélène Millet dans un petit groupe de partage

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