"Femmes, religions et sociétés : perspectives islamo-chrétiennes", journée d'étude organisée par l'Institut œcuménique de théologie Al Mowafaqa à RABAT (Maroc), le 8 mars 2024, en présentiel ou en ligne
La condition de la femme demeure l’un des enjeux les plus controversés dans les religions et les sociétés méditerranéennes et subsahariennes contemporaines.
C’est dans la figure féminine que se concentrent beaucoup des tensions qui traversent, notamment, les sociétés musulmanes : la dialectique entre tradition et renouveau, le rapport entre État et religion, la relation entre droit divin et droits humains. Comme l’a écrit la féministe marocaine Asma Lamrabet, l’interprétation de l’islam qui prévaut dans plusieurs contextes musulmans attribue aux femmes la fonction de « dernières gardiennes du temple de la tradition » .
Si la valorisation de la femme est donc une priorité pour beaucoup de sociétés musulmanes, il n’en reste pas moins que les pressions exercées par les pays occidentaux pour promouvoir l’émancipation féminine sont de plus en plus perçues comme des ingérences instrumentales, voire comme des formes de néo-colonialisme culturel.
C’est ce qu’a souligné, entre autres, la féministe musulmane iranienne Ziba Mir-Hosseini : « Les invasions de l’Afghanistan et de l’Irak – justifiées au nom de la ‘démocratie’, de la ‘liberté’ et des ‘droits des femmes’ – unies au double standard utilisé pour promouvoir les sanctions des Nations Unies, ont profondément sapé la crédibilité morale des droits humains et des discours féministes » .
Dans ce cadre, le dialogue islamo-chrétien peut-il avoir un impact positif ?
Même si dans des termes différents, le rôle de la femme est aussi une question ouverte pour le christianisme, comme le montre les débats en cours au Synode des Evêques. Les droits et la dignité de la femme sont par ailleurs évoqués dans le « Document sur la fraternité humaine et la paix mondiale » signé en 2019 par le Pape François et le Grand Imam d’al-Azhar Ahmad al-Tayyeb.
Inscrire la réflexion sur la valorisation de la femme dans le cadre du dialogue entre chrétiens et musulmans peut contribuer à faire émerger les défis communs à deux traditions religieuses qui se côtoient tout autour du bassin de la Méditerranée et qui peuvent donc apprendre l’une de l’autre. Au Liban, par exemple, l’Église maronite a lancé au mois de septembre 2023 le document « Vocation et mission de la femme dans l’économie de Dieu, la vie de l’Église, et la société », invitant également des spécialistes musulmanes à le discuter.
Il s’agit en plus d’une perspective qui permet de soustraire le débat aux polarisations politiques et idéologiques, en évitant à la fois les raidissements conservateurs et les fuites en avant sécularistes.
À travers trois panels, cette thématique sera abordée à deux voix dans les contextes arabo-musulman, sub-saharien et européen par des intervenant(e)s chrétien(ne)s et musulman(e)s.
Réfléchir sur ces thèmes au Maroc a une valeur particulière. Théâtre de débats récurrents autour du rôle et du statut de la femme, ce pays maghrébin a adopté dans les deux dernières décennies une législation qui, en s’appuyant sur une lecture renouvelée de l’Islam, vise et reconnait l’égalité des sexes. Il peut donc représenter un paradigme précieux pour d’autres contextes.
La journée d’étude est organisée par la Fondation Internationale Oasis et l’Institut oecuménique de Théologie Al Mowafaqa en présentiel ou en ligne.
Institut œcuménique de théologie Al Mowafaqa
Dans un monde globalisé, marqué par des logiques d'affrontement, il est urgent de concevoir des lieux promouvant un vrai dialogue entre les cultures et les religions. Ainsi, l'Institut Al Mowafaqa a