PRESENTATION DES SERIC 2025 L’HUMILIATION, TERREAU DE VIOLENCES
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Depuis plusieurs années, le GAIC à l’occasion des SERIC a exploré et mis en débats des notions positives -fraternité, hospitalité, accueil de l’étranger- toutes bien malmenées. Cette année c’est plutôt un sentiment négatif que nous avons voulu interroger.
Il a suffi de porter le regard sur l’état du monde : humiliation en direct devant le monde entier du président ukrainien dans le bureau ovale de la Maison Blanche, images des prisonniers palestiniens dénudés accroupis au sol mains sur la tête ou, tout récemment, en France, les contrôles policiers dans tous les lieux de grand passage pour débusquer les « sans papiers ». Et on pourrait multiplier les exemples.
L’humiliation s’infiltre aussi bien dans les rapports interpersonnels que dans les rapports sociaux et les relations internationales. Elle a deux faces : c’est à la fois « l’acte d’abaisser la dignité ou le sentiment de valeur de soi-même ou d’autrui et l’état qui en résulte » mais aussi « les manifestations ou situations entrainant une diminution du respect de soi ». Subie ou exercée, c’est une atteinte à la dignité humaine. Or, comme l’écrit le philosophe Olivier Abel « c’est peut-être l’une des grandes passions proprement démocratiques que cette intolérance à l’humiliation, que cette requête incessante de dignité. », sans doute parce que l’humiliation passe nécessairement par un rapport de forces alors que la dignité exige l’égalité.
La France et nombre de pays démocratiques ont institué un « défenseur des droits », chargé de veiller au respect des droits et libertés, Pourtant les situations humiliantes demeurent constantes, ne serait-ce que par le creusement toujours plus marqué des inégalités sociales et de la répartition de la richesse. Mais il arrive que les inégalités soient même instituées par des lois -l ’apartheid par exemple- et par des politiques officielles : humiliations subies par des populations reléguées dans des banlieues lointaines et un habitat indigne, abandonnées par l’état, contrôles des migrants aux frontières ou, des étrangers à toutes occasions pour leur signifier qu’ils sont indésirables ...C’est aussi plus quotidiennement, le regard appuyé sur une couleur de peau trop foncée, sur un vêtement ou un couvre-chef, le refus d’un emploi ou d’un logement pour un nom à consonance étrangère, des caricatures vulgaires et blessantes... et nous avons tous en mémoires ce qu’il en est résulté : émeutes, attentats, décapitations. C’est aussi la suspicion entretenue vis-à-vis de citoyens de confession différente, qui s’insinue dans la société comme un agent de décomposition. C’est au plan international, l’humiliation ressentie par l’URSS au moment de la chute du mur, l’humiliation du monde arabe à la mort de Sadam Hussein ou de Khadafi, c’est aujourd’hui l’humiliation tous azimuts de la présidence de Donald Trump « effroyable concentré du destin de l’humiliation sous sa double face humiliée et humiliatrice ». Ces dernières mois et plus encore ces dernières semaines nous ont donné le spectacle terrifiant de la violence qu’elle fait naitre et du chaos dans lequel elle précipite le monde car à l’humiliation répond le désir de se venger qui nourrit la violence en retour.
Pouvons-nous nous contenter de ce constat ? Pouvons-nous rester silencieux et passifs, devant les convulsions du monde, devant la violence qui le dévaste et broie des populations entières ? Comment sortir de cette spirale de violences dans lequel notre monde risque d’être emporté ? Le GAIC s’est donné pour objet de promouvoir « les valeurs éthiques et spirituelles communes à l’islam et au christianisme face à des réalités sociales ou à des événements qui interpellent la conscience de tout croyant ».
Car c’est bien la croyance en l’égale dignité de tous les hommes, qui caractérise nos deux religions. C’est aussi la croyance en l’égale dignité de tous les hommes qui différencie fondamentalement la démocratie par rapport à tous les régimes autoritaires.
Alors au travers de cette semaine de rencontre, essayons de débusquer toutes les situations d’humiliation auxquelles nous sommes souvent devenues indifférents ou aveugles et cherchons des solutions pour sortir de ces relations déséquilibrées. Parfois il suffit d’un regard bienveillant sur l’Autre différent de moi, d’une parole attentive et courageuse, d’un geste hostile retenu ou empêché …
Marie-Aleth Grard, Présidente d’ATD QUART MONDE nous fera voir comment l’extrême pauvreté est une humiliation et une violence; le Professeur Bertrand Badie nous parlera de la pathologie des relations internationales marquée depuis des décennies par l’humiliation, terreau de la guerre, et enfin Ahmed Bouyerdene nous parlera de l’Algérie et dressera le portrait de l’Emir Abdel Kader, qui, aux humiliations subies a répondu par le dialogue et la non-violence.
Nous aurons là un chemin tout tracé pour une réflexion sur ce poison de l’humiliation qui gangrène nos sociétés sous des formes multiples souvent sournoises, parfois cachées dans les discours les plus compassionnels et les actions les plus légalistes. A vous d’imaginer, d’inventer, de mettre en œuvre à votre niveau, des propositions pour déconstruire les mécanismes de l’humiliation et les déjouer. Nous ne changerons peut-être pas la marche du monde mais nous y apporterons un petit souffle d’humanité à un moment où celle-ci semble voler en éclats.
BELLES ET BONNES SERIC !
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