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Publié par Bouzid Chelighem

L'altérité à l'épreuve de l'actualité

Dans le monde qui nous entoure, à l'ère des réseaux ultra-connectés, chacun vit dans sa bulle et le rapport à l'autre est mis à l'épreuve. L'égocentrisme a gangrené les membres d'une même famille et l’ethnocentrisme à pris le pas sur le vivre ensemble dans les sociétés cosmopolites. Les relations virtuelles ont pris une grande part à la vie réelle. 
Dans ce monde globalisant, la circulation de l'information n'a jamais été aussi rapide et son accès aussi libre et disponible. L'information utile ou le plus souvent inutile, s'est démocratisée à travers Internet et les applications mobiles à coté des médias traditionnels. 
Du coté sombre de ce qui est en apparence un progrès, la manipulation des masses est à son paroxysme. La désinformation délibérée devient un métier au service des groupes d'influences, souvent privés qui détiennent l'écrasante majorité des supports médiatiques. Il devient de plus en plus difficile de démêler le vrai du faux. Le flot important d'informations perturbe nos fonctions cognitives et notre capacité d'analyse. On fait souvent l'impasse sur l’essentiel pour se focaliser sur des faits divers, et le superflu. 
Dans ce contexte, l’altérité, censée être une diversité louable et une richesse sociétale et un apport à la civilisation humaine, est mise à rude épreuve. Elle est représentée, face aux difficultés économiques, politiques ou sociétales que nous traversons, comme l'origine de tous les maux. Le repli identitaire devient refuge, et le rejet de l'autre une norme. 
L’énigme - tirée de la sagesse africaine - des trois fourmis alignées trouve dans ce contexte tout son sens. On demanda à la première combien de fourmis derrière toi, elle répond deux. La deuxième répond une, mais la troisième affirme que trois fourmis sont derrière elle. A l'évidence, sa réponse n'est pas cohérente, mais chacun va tenter de trouver une explication pour résoudre cette énigme. 
Dans notre société sécularisée, où la religion est reléguée à la sphère privée, la manifestation religieuse apparaît comme une menace à l'ordre public. Pourtant le lien de transcendance est dans la prime nature de chaque humain. C'est un besoin vitale que le matérialisme et consumérisme ne peuvent occulter. 
Si le religieux est généralement marginalisé dans notre société, le bouc-émissaire est toutefois désigné dans la représentation médiatique du musulman. On répète sans cesse qu'il est incompatible avec les valeurs de la République, pourtant cela fait plus d'un siècle que les musulmans vivent au sein de la République.
La reconnaissance se fait désirer.
La réponse à l'énigme des trois fourmis est assez simple, mais difficile d'y penser.
La troisième est une menteuse ! Son comportement est celui de beaucoup de médias d'opinion qui déversent sur les divers supports des absurdités encapsulées. A force de les répéter, elles paraissent comme des évidences. 
L'anathème ainsi jeté à travers ces médias d'opinion, conjugué à l’actualité internationale tragique, ont suscite à l'égard des musulmans, méfiance et défiance. 

Est-ce une fatalité ?

Le choc des civilisations tant promu n'est en vrai qu'un choc des ignorances. 
Dans sa lettre de Novembre 1957 (en pleine guerre d'Algérie) Mouloud Feraoun écrivait à son ami Albert Camus que la tentation est grande de renoncer à l'amitié pour qu'il soit possible de haïr. Mais il avise que cela n'est pas possible, et conclut au destin commun avec ces termes : "Alors cher ami, pleurons le malheur de notre pays et souhaitons que vite ce malheur prenne fin". 
La tragédie humaine que nous vivons avec le génocide en cours du peuple palestinien, ne peut laisser indifférent un humain censé. On ne peut s'y habituer. Nous devons prier et agir pour que cela cesse vite.
Le vivre ensemble dans le cadre républicain est une réalité. Ce destin commun
ne peut être dénoncé par les conjonctures politiques et la montée du populisme.  

Est-il permis d'espérer ? 

L'espérance dans un avenir meilleur est l'essence de nos croyances. 
Lors de sa visite en Indonésie, début Septembre 2024, le pape François et le grand imam de Djakarta ont emprunté ensemble le tunnel « Silaturahmi », qu'on peut traduire par le tunnel des liens de parenté ou de l’amitié. Ce tunnel relie la grande mosquée Istiqlal de Djakarta et la cathédrale Notre-Dame de l’Assomption, voisine de la mosquée. 
C'est un acte fort et louable. Ce tunnel symbolise l'entente cordiale entre les musulmans (majoritaires dans le pays) et la minorité chrétienne. 

Pour déconstruire tant de préjugés réciproques, il convient de suivre l'exemple indonésien et tracer partout, des avenues et des boulevards d'amitié entre chrétiens et musulmans. Ils représentent ensemble la moitié de la population mondiale. Leur entente, est un facteur de paix à l’échelle du globe. 

Ensemble, bâtissons dans la confiance, un monde meilleur par le dialogue,
la reconnaissance mutuelle, la promotion de la spiritualité qui rattache l'humain à son Créateur, pour une vie harmonieuse au service de nos concitoyens et du monde. Nous pourrons ainsi passer du bon vivre ensemble, au bien faire ensemble. Le GAIC, ce Groupe d'Amitié Islamo-Chrétien, bâti il y a maintenant plus de 30 ans est un exemple que cela est possible. 

L'altérité à l'épreuve de l'actualité
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