La fraternité : Un « fil rouge » pour le GAIC et les SERIC 2022
La fraternité, voilà un sujet qui passionne le GAIC. Il n’est qu’à parcourir le Blog pour s’en convaincre. Sur 463 articles publiés depuis sa création, en décembre 2017, 106 traitent de la fraternité ou s’y réfèrent. Le plus ancien de ces 106 articles a été publié le 21 décembre 2017. On pouvait y lire que l’émission « Questions d’islam » (France Culture) où Ghaleb Bencheick allait recevoir les co-présidents porterait sur le thème « laïcité et dialogue en fraternité ». Voilà qui n’est certes pas un hasard.
Ghaleb Bencheick entre les deux intervenants, à l’issue de l’émission
Le GAIC n’est évidemment pas la seule structure à se préoccuper de travailler à promouvoir et consolider les liens entre toutes les personnes de notre pays, tellement mis à l’épreuve lors des terribles attentats de 2015. Un exemple parmi d’autres peut être relevé. Exactement au même moment, à l’automne 2017, un collectif dénommé « Labo de fraternité », auquel participe l’association Coexister, se mettait en place : il a publié chaque année un Baromètre de la fraternité qui est une mine d’idées et d’informations. La livraison 2021 est téléchargeable à l’adresse : https://www.labodelafraternite.fr/home/2149/barometre
Mais revenons à ce que notre Blog nous rappelle des activités de l’association. Dans les GAIC locaux, la fraternité a beaucoup retenu l’attention et, au fil des années, elle a été à l’affiche de plusieurs rencontres des SERIC. On peut ainsi rappeler que, en 2018, le GAIC de Mulhouse partageait un « repas de la fraternité » et que, en 2019, le GAIC de Nevers s’était interrogé sur la distance à parcourir pour aller « De la rencontre à la fraternité ».
Le 4 février 2019, le pape François et le Grand imam d'Al-Azhar, Ahmad Al-Tayyeb, publiaient ensemble à Abou Dhabi un Document sur la fraternité humaine pour la paix mondiale et la coexistence commune qui n’avait pas trouvé un accueil unanime sur le moment. Au GAIC, il fut vite décidé d’œuvrer à sa diffusion et à sa réception : le 7 juin, lors d’un concert méditatif à la chapelle Notre-Dame-des-Anges, sa première partie fut proclamée à voix alternées par un chrétien et un musulman de notre association. On se rend compte, maintenant, que cette grande lettre à tous les hommes de bonne volonté a marqué un tournant et suscité la réflexion bien au-delà de la sphère des croyants, chrétiens ou musulmans. Dès l’année suivante, l’ONU prenait la décision que, chaque année, le 4 février serait journée mondiale de la fraternité humaine.
Pour télécharger le Document : https://www.gaic-seric.info/2019/03/visite-apostolique-du-pape-a-abou-dabu.html
Pour télécharger les photos du concert : https://photos.app.goo.gl/64KnKXPTYEvd4MEN8
C’est alors que, en France, deux attentats éprouvèrent durement la solidité des liens tissés entre les citoyens : le 16 octobre, Samuel Paty était décapité à la sortie de son collège et, le 29 octobre, dans la basilique Notre-Dame de Nice, trois personnes étaient assassinées. La proximité du Ier novembre, date où les chrétiens célèbrent la fête de tous les saints (Toussaint), inspira alors à beaucoup de musulmans des gestes et des paroles de compassion qui furent reçus avec reconnaissance : voir https://www.gaic-seric.info/2020/11/visite-de-nos-amis-musulmans-dans-les-eglises-par-solidarite-a-l-occasion-de-la-toussaint.html
Mais il y eut aussi des voix terriblement discordantes, notamment dans certains milieux politiques, amplifiées par tous les moyens actuels de communication. Le GAIC prit alors la décision d’intervenir sur les réseaux sociaux. Avec les membres du Conseil d’administration un appel a été rédigé. Terminé le 21 novembre 2020 et intitulé « Face à la division, témoignons de notre fraternité en actes », il fut confié à un site spécialisé dans la diffusion des pétitions, Wesign.it. Au bout de 4 jours, on comptait plusieurs centaines de signatures, mais, parce qu’il avait subi une attaque informatique, le site cessa subitement de paraître. Malgré des essais pour poursuivre sur d’autres sites, l’élan initial était brisé. Le Blog a fait connaître quelques témoignages et l’article https://www.gaic-seric.info/2020/11/recueil-des-commentaires-des-signataires-de-l-appel.html a réuni quelques messages de sympathie.
De son côté, le pape François entreprenait un voyage en Iraq qui relança l’intérêt sur le Document sur la fraternité humaine. Le Blog a très largement fait écho aux commentaires et réactions suscités par ce voyage.
Mais vint aussi le coronavirus. La fraternité prit alors une coloration planétaire. Sur le globe, la pandémie n’épargna aucun pays et les hommes prirent conscience que la Terre était leur habitat commun et qu’il appartenait à tous, sans distinction, de veiller sur elle. Paradoxalement, il fallut dans le même temps se protéger d’autrui par ces « gestes barrière » si mal nommés, se confiner bon gré, mal gré, et entrer en veilleuse, renoncer aux rencontres, se contenter d’échanges par la voie des ondes…
Durant cette période, le GAIC a commencé à s’intéresser à l’écologie, mais en l’accolant à la solidarité. Le couple « écologie et solidarité » a ainsi été le « fil rouge » des SERIC durant deux ans, car celles de 2020 furent réduites à une dizaine de visio-conférences. En novembre 2021, le desserrement des contraintes sanitaires a permis aux personnes de se retrouver en chair et en os et aux SERIC de bien remonter la pente (voir dans GAIC News n°18, la table des matières du rapport final).
Tandis que la vie reprenait un cours moins chaotique, la politique retrouvait aussi ses droits et ses travers à l’approche des élections présidentielles les 10 et 24 avril 2022. Les musulmans ont été frappés de plein fouet par des propos haineux, proférés avec d’autant plus de cynisme que la concurrence est grande aux extrêmes. Devant cette surenchère inacceptable, le GAIC a résolu de reprendre son appel à la fraternité, sans s’engager dans une campagne d’opinion, mais avec les « moyens du bord ». Cet appel a été publié le 4 février, à la faveur de la Journée mondiale de la fraternité humaine, célébrée avec bonheur par l’association. Le voici :
Dans le climat délétère où se poursuit la campagne pour les élections présidentielles, les citoyens de confession musulmane sont blessés et horrifiés par les propos de haine et les appels à l’exclusion que colportent certains media sous couvert d’information.
Ces propos ont un impact dans la population et sur la posture des candidats. Les musulmans deviennent un objet de clivage pour toute la nation : ce séparatisme-là doit être dénoncé avec vigueur. L’effervescence actuelle nous impose de donner à nouveau l’alerte, comme après les attentats de la fin 2020 et de relancer notre appel à la fraternité.
Face aux extrémismes et au terrorisme, la France a besoin de tous ses citoyens et elle peut s’appuyer sur ses enfants musulmans, à quelques exceptions près. Notre expérience du terrain nous permet de l’affirmer.
Les musulmans saluent les bienfaits de la laïcité en France, pays démocratique qui « assure l’égalité devant la loi de tous les citoyens sans distinction d’origine, de race ou de religion [et qui] respecte toutes les croyances » (article 1 de la Constitution de 1958).
Ils acceptent d’échanger et de débattre dès lors que le respect des différences et de la dignité de chacun est posé comme règle.
Tous ensemble, nous pouvons donc continuer à construire et à embellir notre pays. Nous pouvons nous atteler à rétablir la confiance en multipliant les rencontres et les échanges et, ainsi, faire advenir la fraternité.
Vous qui êtes les témoins d’une situation ou d’un événement où, ensemble, chrétiens, musulmans, athées, agnostiques ou croyants des autres religions se sont associés dans un même élan fraternel, faites-le savoir !
Diffusez sur les réseaux sociaux vos témoignages de fraternité vécue en utilisant le hashtag #TémoinDeFraternité et transmettez-les à temoindefraternite@gaic-seric.info
Ensemble, appelons nos concitoyens à s’engager sur la voie de la fraternité. C’est l’unique chemin qui mène à la paix.
Pour la célébration du 4 février 2022, deux temps avaient été prévus :
- rappeler tout d’abord les exemples de fraternité donnés par quelques grands ancêtres à travers les âges
- donner ensuite des témoignages d’actes récents de fraternité.
Pour le premier temps, nous avions pu utiliser les fruits d’une enquête historique menée par Laurent Baudoin durant le confinement et ne pas recourir aux grands noms toujours mis en avant. Il s’agit d’une enquête toujours en cours, avec l’ambition d’aboutir à une publication. Laurent vous sera très reconnaissant si vous le faites bénéficier de votre savoir en la matière en lui adressant un message à
En seconde partie, six témoignages ont été apportés. Trois sur l’accueil des migrants, deux sur des événements (marche pour la paix, festival de musique sacrée) et celui d’un partage qui s’inscrit dans la durée : depuis 1989, une église abrite des célébrations catholiques et musulmanes.
Pour avoir un compte-rendu de toute la soirée et télécharger les neuf « portraits d’ancêtres » présentés : https://www.gaic-seric.info/2022/02/journee-fraternite-du-4-fevrier-un-tres-beau-moment.html
Quel sens peut-on donner à ce rassemblement de faits hétéroclites ?
A ceux d’entre nous qui s’interrogent parfois sur l’utilité d’actes discrets, minuscules même, au regard de l’immensité de la tâche, une réponse a été donnée par une journaliste, Isabelle de Gaulmyn, dans l’éditorial du journal La Croix du 14 février 2022. Ce jour-là commençait le procès des assassins du père Jacques Hamel, le 26 juillet 2016. Or, explique la journaliste, alors que les auteurs de ce meurtre avait réuni tous les ingrédients pour que notre pays s’embrase, la conjonction de gestes apaisants, officiels et anonymes, a désamorcé la bombe idéologique.
Un article à relire et à méditer : https://www.gaic-seric.info/2022/02/jacques-hamel-une-france-qui-cultive-l-esperance-par-isabelle-gaulmyn-la-croix-14-fevrier-2022.une-reponse-a-notre-hashtag-temoindef
Depuis le 24 février, ce n’est plus seulement la France qui est susceptible de s’embraser. La guerre est en Ukraine et interpelle chaque citoyen du monde. A chacun de tenir sa partie, d’être vigilant à ne pas s’enflammer, de faire en sorte que, là où il est, ce soit la fraternité qui l’emporte sur la violence. Ayons confiance : avec l’aide du Très-Haut, la fraternité sera contagieuse.