La Toussaint chez les musulmans et chez les chrétiens. 1er novembre 2020, fête malheureusement perturbée par des évènements sombres et des circonstances actuelles difficiles
La Toussaint chez les musulmans
Tout d’abord c’est avec un grand plaisir que nous souhaitons à tous nos amis chrétiens une très bonne fête de la Toussaint, qui est malheureusement perturbée par des évènements sombres et des circonstances actuelles difficiles.
Cette fête a pour objectif dans le crédo catholique d’honorer la mémoire de tous les saints, connus ou inconnus, et qui étaient à l’origine, après les apôtres, des martyrs chrétiens morts pour leur foi. Plus encore, elle permet selon l’archevêque Jacques de Voragine de faciliter l’obtention des vœux du fidèle.
Il serait intéressant d’évoquer en quelques mots ce que dit l’Islam sur les saints, et jusqu’à quelle mesure la pensée musulmane se rejoint ou au contraire diverge avec la religion chrétienne dans ce domaine.
Premièrement, l’existence des saints est largement confirmée par les saintes écritures du Coran et de la tradition prophétique, et cela de façon claire et explicite. Un des textes les plus connus est sûrement ce verset dans lequel Dieu dit (S10: V61-62):
« 62- En vérité, les rapprochés de Dieu seront à l'abri de toute crainte, et ils ne seront point affligés,
63- ceux qui ont cru et qui craignaient [leurs Seigneur].
64- Il y a pour eux une bonne nouvelle dans la vie d'ici-bas tout comme dans la vie ultime. Il n'y aura pas de changement aux paroles de Dieu. Voilà l'énorme succès ! ».
Et le Prophète de l’Islam, paix et bénédiction de Dieu sur lui, dit un jour : « Il y a certes parmi les serviteurs de Dieu, des gens qui ne sont ni des Prophètes, ni des martyrs, mais que les Prophètes et les martyrs pourraient envier le jour du jugement dernier, du fait de leur place auprès de Dieu ». Ensuite, le Prophète précisa que parmi leurs qualités ce sont des personnes qui se sont aimés les uns les autres sans qu’il y ait de lien de parenté ou d’intérêt pécunier, et il récita le premier verset précédent.
Ces personnes saintes sont appelées en arabe « awliya » qui est le pluriel de « waly » et qui a littéralement plusieurs significations dans la langue, parmi elles : le protecteur, le secoureur ; ce terme-là a été choisie dans les textes sacrés afin de mettre en valeur le fait que Dieu exalté soit-il protège les saints et les saintes qui sont Ses rapproché(e)s. En effet Dieu dit (S45: V19): «et Dieu est le protecteur des pieux », et Il dit dans une tradition prophétique divine : « Quiconque fera du mal à un de mes rapprochés Je le combattrai ».
Ensuite, ce haut statut de piété et de sainteté dans la religion musulmane englobe toute personne croyante et pratiquante, homme ou femme, âgée ou jeune, opulente ou de condition modeste, qui s’adonnera à parfaire son comportement afin d’être un modèle de bonté et de bienveillance envers ses semblables et dans l’environnement dans lequel elle vit. La sainteté ou « al-wilaya » en arabe n’est donc absolument pas restreinte aux apôtres de Jésus par exemple, ou aux compagnons du Prophète, ou a des personnes décédés lors de persécutions.
Je me contenterai ici de citer trois exemples distincts pour étayer ces propos, chaque exemple étant mentionné dans le Coran :
Le premier : la vierge Marie, mère du Prophète Jésus, qui est, après les Prophètes, une des personnes les plus saintes qui n’ait jamais existé, à l’unanimité de tous les théologiens musulmans.
Le second : les jeunes gens de la caverne, qui ont cru en Dieu, et ont voulu s’échapper du tyran de leur époque, qui persécutait et tuait toute personne qui n’était pas polythéiste. Dieu dit de ces jeunes, connus dans la bible par les sept dormants (S18: V13-15):
« 13- Ce sont des jeunes gens qui croyaient en leur Seigneur; et à qui Nous augmentèrent leur guidance.
14 -Nous avons fortifié leurs cœurs lorsqu'ils s'étaient levés pour dire: « Notre Seigneur est le Seigneur des cieux et de la terre, nous n'invoquerons point de divinité en dehors de Lui, sans quoi, nous aurions transgressé dans nos propos.
15 -Voilà que notre peuple a adopté en dehors de Lui des divinités. Que n'apportent-ils sur elles une preuve évidente ? Quel pire injuste, donc que celui qui invente un mensonge contre Dieu.»
Le troisième : Luqman qui était un esclave noir, et qui est une rares personnalités dont le nom a été cité explicitement dans le Coran. Dieu dit dans la sourate qui porte son nom (S31: V13):
« Et lorsque Luqman dit à son fils tout en l'exhortant: « Ô mon fils, ne donne pas d'associé à Dieu, car le polythéisme est vraiment une énorme injustice. »
Cependant, il est bien important de mentionner ici que les saints ou « al-awliyah » ne sont pas des Prophètes et n’ont donc pas le caractère sacré des Prophètes de Dieu, qui sont ceux choisis par Dieu, et qui sont infaillibles et exempts de tout péché.
Néanmoins, les saints et les saintes sont protégés par Dieu comme on l’a mentionné précédemment, il peut leur être accordé des prodiges et ils intercéderont le jour du jugement dernier en faveur des autres croyants. La sainteté ou « al-wilayah » est en quelque sorte une porte que Dieu a laissé ouverte après le dernier des Prophètes afin que quiconque désire puisse atteindre les hauts degrés de spiritualité et de moralité, par ses actions et son comportement.
Par conséquent, il n’y a pas de fête particulière en Islam pour les saints, mais il est tout à fait possible d’organiser des évènements pour le rappel de telle ou telle personnalité pieuse qui a marqué l’histoire.
Et un des exemples les plus importants que nous retrouvons chez les musulmans depuis plusieurs siècles est la commémoration de la naissance du plus saint des tous les saints, qui coïncide cette année avec la semaine de la Toussaint, c'est-à-dire le Prophète Mohammed, né au début du mois de rabi’ al awal, le troisième mois de l’année lunaire, que la paix et bénédiction de Dieu soit sur lui ainsi que sur tous les Prophètes et tous les saint et les saintes où qu’ils se trouvent.
Enfin, j’aimerai conclure ces quelques mots par les conseils d’un des grands saints de l’Islam, que l’on a déjà cité auparavant et qui n’est autre que l’esclave noir Luqman qui apprend à l’humanité tout entière, il y a plus de 1400 ans, lorsque le monde vivait dans les différentes discriminations sociales, raciales et religieuses, à être bon et bienveillant envers tous les êtres humains quel que soit leur croyance, leur culture, leur nationalité, leur couleur de peau ou leur statut social, et de faire preuve de patience et d’humilité.
Dieu dit à travers ce pieux serviteur qui éduque son fils (S31: V16-19):
16- « Ô mon enfant, fût-ce le poids d'un grain de moutarde, au fond d'un rocher, ou dans les cieux ou dans la terre, Dieu le fera venir. Dieu est infiniment Doux et Parfaitement Connaisseur.
17-Ô mon enfant accomplis la prière, commande le convenable, interdis le blâmable et endure ce qui t'arrive avec patience. Telle est la résolution à prendre dans toute entreprise !
18-Et ne détourne pas ton visage des gens, et ne foule pas la terre avec arrogance, car Dieu n'aime pas le présomptueux, le fanfaron.
19- Sois modeste dans ta démarche, et baisse ta voix, car la plus détestée des voix est bien celle des ânes. »
Dr. Halim (spécialiste en théologie musulmane)
Bonne Fête de " TOUSSAINT " ce premier novembre 2016 ! - Journal de Denis Chautard
TOUS SAINTS ? La définition du Petit Robert est très éclairante d'une " sainteté " qui nous semble aux antipodes de nos propres vies : le saint est celui qui " mène une vie irréprochable, en ...
http://www.chautard.info/2016/10/bonne-fete-de-toussaint-ce-premier-novembre-2016.html
La sainteté, un chemin d'imperfections
Qu'est-ce que la sainteté ? Qu'est-ce que ce mot peut encore évoquer pour nous ? La définition du Petit Robert est très éclairante : le saint est celui qui " mène une vie irréprochable, en t...
http://www.catholique-saintouenlaumone.fr/spip.php?article43
Quel est le sens de la fête de la Toussaint ?
Fêtes religieuses À L'époque pré-chrétienne, les païens célébraient des rites pour leurs défunts, après les dernières récoltes à la fin de l'automne. Ces coutumes ont probablement inci...
https://croire.la-croix.com/Definitions/Fetes-religieuses/Toussaint/Quel-est-le-sens-de-la-Toussaint
À L'époque pré-chrétienne, les païens célébraient des rites pour leurs défunts, après les dernières récoltes à la fin de l'automne. Ces coutumes ont probablement incité les chrétiens à en faire autant.
Le mois de novembre est traditionnellement consacré au thème de la mort et aux défunts. Il débute avec la solennité de Tous les Saints le Ier novembre, et le 2 est dédié à tous les fidèles défunts.
Il n'y a rien de surprenant à ce que le thème de la mort soit associé au mois de novembre dans le contexte de l'hémisphère Nord. Les récoltes sont achevées, la nature est en train de «mourir», le temps froid et l'hiver s'installent, les nuits tombent de plus en plus vite et s'allongent.
La solennité de Tous les saints, célébrée encore aujourd'hui comme une fête d'obligation le 1er novembre, remonte aux premiers siècles. Elle fut instituée pour commémorer les martyrs dont le nombre était inconnu et qui, de ce fait, ne pouvaient être gratifiés d'une fête particulière.
La foi concrète manifestée à l'égard des saints ne fait qu'exprimer la compréhension que l'Église a d'elle-même : elle est le lieu de la rencontre et de la communion entre les disciples du Christ.
Cette conviction. qui était déjà celle du Symbole des Apôtres au 5ème siècle, s'enracine dans une pratique populaire bien antérieure. Le Symbole évoque l’Église comme la communauté ou la communion de tous les croyants, qu'ils soient vivants ou morts, tous appelés par Dieu et transformés dans le Christ et l'Esprit.
Cette communion se réalise tout particulièrement quand les chrétiens se rassemblent pour célébrer l'eucharistie. Dans le langage traditionnel, cette communauté des croyants est composée de l’Église triomphante (les saints du ciel) de l’Église pérégrinante (les chrétiens qui cheminent sur cette terre) et de l’Église souffrante (ceux qui sont au purgatoire).
Vatican II réaffirme cette doctrine. «En effet, tous ceux qui sont au Christ et possèdent son esprit constituent une seule Église et se tiennent mutuellement comme un tout dans le Christ. Donc, l'union de ceux qui sont encore en chemin avec leurs frères qui se sont endormis dans la paix du Christ ne connaît pas la moindre intermittence ; au contraire, selon la foi constante de l’Église, cette union est renforcé par l'échange de biens mutuels» (Constitution dogmatique sur l’Église).
Jusqu'au Ve siècle, les saints étaient honorés dans la ville ou le village où ils avaient vécu on bien achevé leur pèlerinage terrestre. Chaque localité avait sa liste de saints et conservait un récit de la mort de ses martyrs, confesseurs, évêques (souvent martyrs ou confesseurs) et autres saints, hommes et femmes. Mention était faite de leur nom au cours de la prière eucharistique.
Dans les grandes villes où la population chrétienne était importante et la persécution particulièrement sévère, comme à Rome et à Antioche, l’Église confia à des notaires le soin de garder ces récits, Pendant certaines persécutions, le nombre des martyrs fut si grand que seuls les plus connus restèrent dans les mémoires. Les autres étaient honorés à l'occasion d'une fête de Tous les Martyrs, et cela dès le Ve siècle.
Cette fête allait devenir notre Toussaint, ou solennité de Tous les saints.
Au Ve siècle, les Églises locales commencèrent à s'emprunter mutuellement leurs listes de saints, retenant les noms de ceux dont la mission avait en une portée « universelle ». Cette pratique s'accompagnait souvent d'un partage de reliques (un morceau du corps du saint), celles-ci étant considérées comme un gage de protection particulier pour la communauté. Une célébration annuelle était alors instituée on l'honneur de ces saints patrons.
Si certaines Églises locales empruntèrent leurs saints aux autres Églises, c'est tout simplement qu'elles n'en avaient pas. Tel fut le cas des tribus germaniques après leur conversion, qui empruntèrent la liste de Rome, puisqu'elles n'avaient aucun passé chrétien à se remémorer.
Par la suite elles y ajoutèrent les noms de leurs propres saints et saintes. C'est au cours du Moyen Âge que l’Église arrêta la liste des saints dont la vie et la mission avaient un sens pour toute l'Église.
Au Xe siècle, un consensus se lit autour des apôtres et évangélistes (Matthieu, Marc, Luc et Jean), puis, au XIe siècle, autour des papes martyrs. La liste romaine finit par inclure des saints appartenant a d'autres Églises locales, et par devenir représentative de l'Église universelle.
Quand les Églises locales adoptèrent les livres liturgiques venus de Rome, elles adoptèrent aussi la liste de ses saints. À la fin du XIIe siècle, on ajouta des saints « modernes» aux anciens. Le premier d'entre eux fut Thomas Becket, archevêque de Cantorbéry. mort martyr en 1170. Les autres appartenaient à des ordres religieux nouvellement fondés, comme les franciscains ou les dominicains.
Malheureusement, cette propension à vénérer des saints issus du clergé et de la vie religieuse laissait entendre qu'une sainteté héroïque ne pouvait être le fait que des responsables d'Église, ou des personnes préservées des soucis domestiques ou séculiers. Cette tendance a canoniser des clercs ou des religieux a perduré
Mais on considère aujourd'hui comme une priorité de canoniser des saints issus du laïcat, hommes et femme pour rééquilibrer les choses.
La tradition la plus populaire associée à la vénération des saints est de leur adresser une prière, pour leur demander d'intercéder auprès de Dieu on vue d'obtenir une grâce particulière.
Cette pratique résulte en grande partie de l'insistance quasi exclusive sur la divinité du Christ, au détriment de son humanité. Du coup, Les chrétiens en vinrent à se sentir plus à aise avec des intercesseurs faits de la même pâte humaine qu'eux.
Cela dit, le fait de prier les saints n'équivaut pas à nier le rôle médiateur du Christ.
Vatican II a tout à la fois assumé et clarifié cette tradition «Car, admis dans la patrie céleste et présents au Seigneur (voir 2 Corinthiens 5, 8), par lui, avec lui et on lui, ils ne cessent d' intercéder pour nous auprès du Père, offrant les mérites qu'ils ont acquis sur terre par l'unique Médiateur de Dieu et des hommes, le Christ Jésus (voir 1 Rois 2, 5), servant le Seigneur en toutes choses et complétant en leur chair ce qui manque aux souffrances du Christ on faveur de son Corps qui est l'Église (voir Colossiens 1, 24). Ainsi leur sollicitude fraternelle est du plus grand secours pour notre infirmité.» (Constitution dogmatique sur l'Église 49).
À l'époque moderne, les chrétiens se mirent à prier plus particulièrement tel ou tel saint en fonction de la cause à laquelle il était associé. Sainte Anne, par exemple, devint la patronne des femmes enceintes et saint Antoine de Padoue, le spécialiste des objets perdus. Quant à sainte Rita, on lui confie les causes désespérées.
Faire mémoire, au cours de la célébration de l'eucharistie est une ancienne tradition; c’est refuser que la mort fasse plonger dans l’oubli. C’est être dans la pulsion de vie.
Une vieille le tradition consiste à rappeler le souvenir des saints on mentionnant leurs noms au cours de la prière eucharistique. Cette pratique est toujours en vigueur aujourd'hui.
La première prière eucharistique a gardé l'ancienne liste romaine que le célébrant est libre d'abréger s'il le juge bon : «dans la communion de toute l'église, nous voulons nommer en premier lieu la bienheureuse Marie toujours vierge, Mère de notre Dieu et Seigneur Jésus Christ ; saint Joseph, son époux, les saints apôtres et martyrs Pierre et Paul, André, Jacques et Philippe, Barthélemy et Matthieu, Simon et Jude, Lin, Clet, Clément, Sixte, Corneille et Cyprien, Laurent, Chrysogone, Jean et Paul, Côme et Damien et tous les saints. Accorde-nous par leurs prières et leurs mérites, d'être, toujours et partout, forts de ton secours et de ta protection».
Un peu plus loin, le célébrant poursuit : «et nous ; ... admets-nous dans la communauté des bienheureux apôtres et martyrs, de Jean-Baptiste, Étienne, Matthias et Barnabé (Ignace, Alexandre, Marcellin et Pierre, Félicité et Perpétue, Agathe, Lucie, Agnès, Cécile, Anastasie) et de tous les saints.»
Dans le calendrier, le saint du jour est l'un des saints choisi parmi ceux proposés par l'Église. Chaque jour, l'Église honore plusieurs saints et bienheureux : ceux du calendrier romain (sanctoral romain), ceux des calendriers diocésains et ceux du calendrier des églises orientales (synaxaire).
Chaque jour, dans la liturgie de l’Église, un saint est célébré. Souvent en quelques lignes, son témoignage et sa vie nous sont résumés en introduction aux lectures du jour dans nos missels ou autres livrets. Prendre le temps de les lire, nous donne de colorer différemment la lecture de l’Évangile du jour et de faire connaissance avec nos frères aînés dans la foi. Lors des baptêmes, de la liturgie pascale, des professions religieuses et des ordinations, la litanie des saints est chantée. Elle nous remet en mémoire la longue histoire d’un peuple en marche. Nous prenons notre place dans ce cortège que forme la multitude des saints au long des siècles : saints reconnus et célébrés par l’Église, mais aussi saints anonymes dont l’offrande humble demeure cachée.