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SERIC 2023

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GAIC-NEWS n°19 - Essai sur les vertus du jeûne   par l’imam Abdessalem Souiki, administrateur du GAIC

Le jeûne fait partie de cette panoplie de pratiques qui visent la re-spiritualisation de l'être humain. En effet, le discours coranique nous offre un nombre très important d'éléments anthropologiques pour nous aider à circonscrire au plus près la nature humaine.

"Et par l'âme et Celui (Dieu) qui l'a bien proportionnée.
Il lui a imprimé son enclin à la corruptibilité ainsi que sa propension à la perfectibilité.
Bienheureux (dans le salut) celui qui l'aura purifiée et déçu celui qui l'aura délaissée."
[Sourate 91; Versets 7-10]

Le souffle de Dieu en nous a laissé un rayon inéclipsable dans le for intérieur de tout un chacun et nous a marqués à jamais au fer de l'amour divin.

Le souffle créateur de Dieu a inscrit l'esprit dans notre chaire et lui a confié la supervision de l'ensemble de nos facultés.

L'enjeu doit alors consister, tout au long de notre vie, à se maintenir dans cet élan d'amour fusionnel primordial et à continuer de se nourrir de la nostalgie de cette patrie édénique perdue.

Ce qui fait la dignité du corps humain c'est sa fonction de réceptacle de ce joyau spirituel déposé par le Souffle de Dieu en son sein.

Si Dieu a inscrit Son souffle créateur dans notre chair et conditionné notre Salut à la subordination des besoins de notre corps à ceux de notre esprit c'est justement pour nous inviter à veiller scrupuleusement au maintien de ce rapport de forces et de ne pas permettre à la chaire, par l'exagération de ses besoins, de se transformer en un étouffoir du joyau spirituel qu'elle abrite.

Car à défaut d'un effort de spiritualisation entretenu des besoins de notre chaire, cette dernière dégénérerait en prison asphyxiante de ce joyau spirituel qui seul a vocation de nous apparenter à Dieu et de nous conduire vers le salut.

Seul ce filet spirituel en nous est à même de garantir le maintien dans leurs rôles et fonctions la multiplicité d'instincts, passions et autres facultés qui nous animent et qui nous sont indispensables tout au long de notre séjour sur terre.

L'abandon de cet effort spirituel donnerait lieu à l'atrophie de la personne lumineuse en nous et au délitement du filet divin, seul capable de garantir notre unité intérieure, d'harmoniser les voix dissonantes de nos différents besoins et les maintenir au service de l'impératif divin qui nous prémunit contre notre insoutenable insolvabilité.

Sans cet effort, l'Homme se réduirait alors à une proie disputée et tiraillée par les besoins contradictoires d'un corps qui n'a plus de comptes à rendre aux injonctions du pouvoir spirituel de la conscience, laquelle conscience est la voix de Dieu en nous.

En dehors de cet indispensable travail de spiritualisation de la chair et du nécessaire coup de pouce donné aux forces de l'esprit au détriment du tsunami des passions qui nous traversent, l'être humain n'échappera pas à la fatalité de cet étau égotique qui ne cessera, à chaque chute, de lui resserrer l'âme jusqu'à l'anorexie spirituelle.

Si elle ne s'inscrit pas dans cette perspective de spiritualisation, la pratique du jeûne risque de dégénérer en un fait de culture, en une privation voire en un sentiment de frustration dont le résultat consisterait à vouloir rattraper les repas manqués de la journée en suscitant un effet boomerang pour le corps et compromettant pour l'esprit.

Au-delà de leur caractère obligatoire, le jeûne et la prière doivent se transformer en parties de plaisir enchanteresses de nos existences voire en addictions vitales et vivifiantes, faute de quoi nous sombrerions dans l'anorexie spirituelle et perdrions ce qui nourrit notre humanité.

" Armez-vous de patience et de prière et sachez qu'elles ne profiteront qu'aux âmes recueillies, celles qui sont mues par l'espérance de Sa rencontre et la nostalgie de l'ultime retour dans son voisinage".
[Sourate 2; Versets 45-46]]

La faim et la soif infligées à la chair ont pour seule fonction de déclencher en nous la faim de Dieu, l'appétit de Sa présence et la soif de Son amour.

La privation momentanée du corps vise à lui rappeler le bien-fondé de sa dignité, indéfendable sinon par l'accueil qu'il fait au souffle de Dieu sans aucune prétention de laisser ses besoins interférer voir étouffer l'élan du cœur humain vers son origine divine.

La pratique du Jeûne est censée atténuer l'emprise des addictions sur l'esprit et le desserrement de l'étau de l'empire des passions sur notre joyau spirituel.

Le jeûne contribue aussi à nous vulnérabiliser, à ébrécher les enveloppes d'orgueil, pour permettre à Dieu de s'introduire dans nos cœurs.

Il permet aussi de nettoyer notre intériorité de la moisissure de l'égoïsme et la rouille des chutes successives qui asphyxient nos cœurs et les empêchent de rayonner, ainsi que de libérer les lumières et énergies enfouies dans les plis et replis de notre intériorité.

La faim spirituelle suscitée par le jeûne accroît le gosier spirituel du croyant et dispose son cœur à la réception d'un maximum de nourriture coranique et une qualité de discernement qui n'est accessible que lors de ce mois béni.

La valeur du jeûne est indissociable de celle de la Révélation coranique.

Le jeûne permet au croyant de tirer de la lecture du Coran un maximum de provisions spirituelles et dispose son cœur à ménager la plus belle et spacieuse province pour la dédier à l'amour de Dieu.

Dieu, dont l'immensité des cieux était incapable de Le contenir, a pu élire domicile dans le cœur confiant de Ses amis croyants.

"Ainsi vous ne parachevez vos journées de jeûne avant d'avoir dédié, à la gloire de Dieu, le plus beau Siège dans vos cœurs, chanté Sa grandeur dans l'espoir de Lui en être reconnaissant " [Sourate 2; Verset 184]

Ainsi, le croyant exprime avec sa bouche une grandeur de Dieu qui l'habite au plus profond de son intimité.

Aussi, plus grande est la province dédiée à Dieu dans le cœur plus généreuse sera la vie du croyant.

Aïcha l'épouse peignait la générosité de son époux prophétique :

" Il était le plus généreux d'entre les Hommes et il était d'autant plus généreux lorsqu'il jeûnait! L'élan de sa générosité était alors tel un mistral qui distribue les nuées remplies de pluies abondantes pour irriguer indifféremment toutes les contrées. "

 Contre l'insatiété des besoins infiniment renouvelables de nos corps, le jeûne nous réinscrit dans les limites de la modération culinaire pour revigorer la ferveur spirituelle de nos cœurs.

Le jeûne est une formation qui dure un mois mais dont les dividendes spirituelles continueront à nous nourrir pendant toute l'année.

" Oh vous qui avez la foi, Nous vous avons prescrit le Jeûne comme Nous l'avons prescrit à ceux qui vous ont précédés afin de vous aider à reconquérir votre piété originelle, dans un laps de quelques jours seulement". [Sourate 2; Versets182-183]

C'est dire l'efficacité de cette formation accélérée qui parviendrait à nous faire réaliser en un mois ce qui nous aurait rebuté tout au long de l'année!

Le prolongement de ce même paragraphe nous rappelle la consubstantialité du jeûne et du Coran.

"Le mois du Ramadan pendant lequel est descendue la Révélation coranique, en plus de l'orientation générale qu'il fournit, nous accorde davantage de discernement (jusqu'à éclairer les plis les plus opaques de la vie)."
 [Sourate 2; début du Verset 184]

Ainsi le discernement promis par le Coran à ceux qui le fréquentent sera d'autant plus réalisable que la méditation du livre se fera en état de jeûne.

La réduction, par le jeûne, du vacarme des instincts et du bruit assourdissant des passions installe l'être humain à un degré d'âme qui le dispose à une réceptivité optimale des provisions coraniques et de ses lumières ainsi qu'à une meilleure qualité d'audibilité de ses messages subliminaux.

Le Verset 185 de la même Sourate nous promet l'accès au point d'acmé permis par la pratique du jeûne à savoir la création d'une douce intimité avec Dieu qui nous le met à notre portée et qui nous fait oser Lui confesser notre insolvabilité et Lui demander de nous rendre capable de tout ce qui est indispensable pour notre Salut.

" Et quand mes serviteurs t'interrogent à Mon sujet, (réponds leur) que Je suis à leur portée à exaucer les doléances qu'ils me font. Qu'ils répondent donc à mes faire-part, qu'ils se confient à Moi et ils grandiront en maturité " [Sourate 2, Verset 185]

Si la sagesse est une longue patience, le jeûne se situerait alors au cœur de cette patience et en constitue un ingrédient très efficace.

Si on veut récapituler, on peut dire qu'au bout du mois du Ramadan, l'école du jeûne nous propose comme diplôme, l'éclosion dans le jardin de notre intimité, d'un fruitier dont les fruits sont entre autres:
Piété originelle, vie bien orientée, unité intérieure, discernement et clairvoyance, amélioration de la capacité d'accueillir Dieu et recueillement, développement de la proximité et de l'intimité avec Dieu, sagesse et maturité…

" N'as-tu pas vu comment Dieu a donné en guise de parabole, une parole pure à la semblance d'un (bel) arbre fertile, alors que ses racines s'enfouissent profondément dans la terre, ses branches, quant à elles, s'élancent généreusement dans le ciel pour produire abondamment, grâce à son Seigneur, ses fruits en tout moment et à chaque saison ".  
[ Sourate 14; Versets 26-27]