GAIC-NEWS n°20 - En Egypte, « Go Girls ! », projet pour l'autonomisation des femmes à travers le sport.
« Go Girls ! » c’est un projet pour l’autonomisations des femmes à travers le sport. Il vise surtout les filles des zones rurales d’Egypte, qui ont un accès limité aux sports, et plus largement à toute forme de carrière. Il nait de l’expérience d’hommes et de femmes qui ont fait du sport et qui savent combien avant d’être un lieu de compétition, c’est un lieu de croissance humaine et, par-là, d’évolution sociale. Et c’est précisément mon expérience. Très timide, grâce à mes « baskettes », j’ai appris peu à peu la confiance en moi-même et j’ai lié des d’amitiés qui durent encore. Dans mes « baskettes » je me tiens débout. Et c’est ainsi que j’aime commencer mes journées. Consacrée au service de l’Eglise d’Algérie, actuellement au Caire pour un temps d’études, je n’ai pas hésité à chercher manière de continuer à courir de cet autre côté de la Méditerranée.
« Go Girls ! » dit bien ce qui me motive à courir, et peut-être à courir davantage, en pays arabe. Certes, je cours « parce que j’aime » et qu’on sait combien cela est salutaire. Mais je cours aussi parce que c’est un lieu de rencontre et d’amitié par-delà les différences de religion et parce que, en tant que femme, je me sens profondément solidaire du défi à « sortir de la maison » auquel font face toutes les femmes dans la culture traditionnelle. Bien que les femmes qui pratiquent du sport, et particulièrement un sport « de la rue » comme la course, soient encore une minorité, elles sont là. Avec la détermination et le courage qu’il faut pour dépasser regards et commentaires, coutumes ancestrales et préjugés. Je n’ai qu’à prendre exemple. Deux noms pour toutes : Zohra et Amani. Zohra, d’origine algérienne, n’a jamais renoncé à la course et ce n’est pas l’âge qui va l’arrêter ! Grace à elle, j’ai osé mon premier trail dans le désert. Tous les lundis matin à 5h30 je rejoins « Zamalek Early Rides », groupe animé par Amani, première femme égyptienne à compléter un
« Ironman » et les six grands marathons internationaux. Quelle énergie !
Est-ce le sport un lieu de « dialogue interreligieux » et « d’amitié islamo-chrétienne » ? Je crois que c’est plus que cela, ou c’est autre. Car tout en sachant nos diverses appartenances religieuses, nous n’en parlons ouvertement quasiment jamais, et ce n’est pas simplement parce que la langue arabe est toujours trop difficile et l’anglais trop scolaire… Le sport est un lieu de partage d’une passion « viscérale » qui dépasse toute différence, même les diverses manières de s’habiller, de se nourrir, de se relationner. Courir ensemble veut dire aussi « perdre/prendre du temps » ensemble. Après l’effort, au moins le vendredi matin, ne peut se passer d'un vrai « breakfast » : foul, taameya, œufs, pain baladi… C’est ensemble aussi qu’on aime commencer le nouvel an ou le jour de la fête de l’Aïd el-Fitr, ou encore clore une soirée de Ramadan avec suhoor après un entrainement dans la nuit.
Courir c’est un style de vie. Courir ensemble, coude à coude à longueur des kilométrés, s’est partager sa vie. C’est littéralement « faire un bout du chemin » ensemble. Ce profond respect réciproque qui se vit sans se dire, contribue sans doute à bâtir une société plus inclusive où chacun peut aller « à son pas ».
.Alors… « Go Girls ! »
Anna Medeossi,