GAIC-NEWS n°19 - Justice pour Shireen - Justice pour les Palestiniens
Mercredi 11 mai, Shireen Abu Akleh faisait son métier de journaliste à Jenina en Cisjordanie. Palestino-américaine, chrétienne et âgée de 51 ans, Shireen était reporter pour la chaîne d’information qatarie Al-Jazira ; depuis vingt ans, elle couvrait le conflit entre Israël et la Palestine. Elle était venue pour suivre des affrontements armés qui avaient éclaté au cours d’un nouveau raid de l’armée israélienne dans un camp de réfugiés de la ville. Elle y a été abattue d’une balle en pleine tête.
Les collègues qui étaient auprès d’elle ont immédiatement déclaré qu’elle avait été victime d’un tir provenant de l’armée israélienne.
Non, le tir venait d’un terroriste palestinien, s’est empressé de déclarer le gouvernement israélien contre toute vraisemblance.
A Jérusalem, vendredi 13 mai, dans la cour de l’hôpital où se mettait en place le cortège funèbre, la police israélienne a fait irruption d’une manière tellement violente que le cercueil a failli tomber ; l’enterrement s’est ensuite constamment déroulé sous la menace. Mais il a aussi donné lieu à des prières communes entre chrétiens et musulmans.
Parce qu’elle était une journaliste internationalement respectée, la presse écrite et télévisée a largement diffusé ces deux informations et réclamé que lumière soit faite sur les circonstances du meurtre. L’opinion s’est émue et ce sont les conditions de travail des journalistes dans les zones occupées qui ont été dénoncées ainsi que le climat général de terreur envers le peuple palestinien et les assassinats restés dans l’ombre de tant d’anonymes.
Le 24 mai, la chaîne de télévision américaine CNN annonçait avoir elle-même enquêté sur place. Selon les témoignages et les vidéos qu’elle avait réunis, la journaliste avait été victime d’une attaque ciblée et non de coups de feu tirés au hasard, ce qui mettait sérieusement à mal le système de défense échafaudé par le gouvernement israélien. Malgré tout, Israël exclut toujours l’ouverture d’une enquête criminelle, comptant sur le temps pour faire refluer la vague d’indignation.
De fait, en France, après deux épisodes électoraux, qui parle encore du meurtre de Shireen?
L’oubli va-t-il tout effacer, va-t-il aussi bien fonctionner que pour la Palestine et l’ensemble du peuple palestinien ?
L’Atelier Israël – Palestine du GAIC, qui tient une veille avec constance sur l’évolution des relations entre les deux pays, nous informe que deux actions à long terme sont en cours, fort peu relayées par les medias. Voici ce dont il s’agit :
1. Depuis 2021, des ONG œuvrent pour que la situation du peuple palestinien soit décrite et reconnue comme une forme d’apartheid, y compris les associations israéliennes Yesh Din et B’Tselem. En mars 2022, le rapporteur spécial des Nations unies sur la situation des droits de l’homme dans les territoires palestiniens occupés, Michael Lynk, a conclu que la situation dans les territoires palestiniens occupés s’apparente bien à un apartheid.
2. S’inscrivant dans une logique comparable à celle qui a conduit l’Union européenne à interdire l’importation de produits fabriqués dans les territoires occupés par la Russie (Crimée, Donetsk et Lougansk) au moment de l’invasion en Ukraine, des citoyens de France, Belgique, Pays-Bas, Luxembourg, Irlande, Espagne et Italie ont lancé le 20 février 2022 – Journée mondiale de la justice sociale – une « Initiative citoyenne européenne » (ICE) visant à mettre fin au commerce avec les colonies israéliennes en Palestine. Les initiateurs ont un an pour recueillir un million de signatures dans l’Union européenne, après quoi la Commission et le Parlement européen seront contraints d’étudier quelles suites donner à cette proposition.
Ne laissons pas l'oubli tout effacer. Voici le lien pour signer l'ICE :